Vision artistique

     Les contes étant issus de la tradition orale, on peut constater qu'à partir d'un même texte, ce sont les illustrations qui donnent une tonalité et une interprétation différente au récit. Grâce à celles-ci, chacun aura le droit de s'inventer sa propre interprétation d'un personnage ou d'une situation. Aussi, si les contes résistent à l'épreuve du temps et sont en permanence réactualisés, c'est grâce à l'inspiration inépuisable de tous ces illustrateurs qui se sont succédés pour apporter leur propre vision. Petit à petit, s'est créé un langage visuel qui est aujourd'hui immédiatement identifiable. C'est le cas notamment, pour le conte du petit chaperon rouge, dont l'image d'une petit fille habillée de rouge est connue de tous.
     
Dans l'art contemporain, les contes sont également très présents :
Pour les artistes contemporains, il est possible, grâce à la connaissance par tous, des codes   de certains contes, de jouer et de se réapproprier ces symboles selon leur réflexion. Que leur but soit poétique ou contestataire.
     
œuvre de Kiki Smith, amitié fille/loup
Une exposition "contes de fée et art contemporain"  s'est tenue à Namur, en Belgique. elle tente de comprendre les raisons qui poussent encore les plasticiens du début du XXIe siècle à convoquer notamment Le Petit Chaperon rouge ou La Belle et la Bête. Elle conjugue les approches historiques, psychanalytiques ou sociologiques du conte par l'art. Certains artistes en effet, sont  
«en accord avec les développements de la psychanalyse, lorsque les récits féeriques sont pour eux le moyen d’évoquer la complexité des conflits œdipiens. D’autres perçoivent au contraire dans le conte un discours institutionnalisé producteur de modèles de comportement visant à nous endoctriner. Pour les uns, il est un moyen d’échapper au réel, pour les autres, détourné de sa fonction première, il devient un instrument de contestation sociale.»  exposition "contes de fée et art  contemporain"

On peut donc imaginer la variété d'interprétations possible grâce à l'art. Le curateur de cette exposition, Olivier Dequenne, analyse également : «les questions d'aujourd'hui sur le sexe, l'environnement, les tabous, la différenciation raciale ou sexuelle... réactivent l'obligation d'en revenir aux contes d'autrefois qui parlaient déjà de la même chose en d'autre termes. Les personnages féériques sont des images archétypales présentes dans l'inconscient collectif depuis des millénaires. Un examen attentif de l'art d'aujourd'hui permet d'affirmer qu'elles sont réactivées dans bon nombre d'œuvres vidéo, picturales ou sculpturales»
     
Il est aisé de comprendre par là que si les contes sont aussi populaire, c'est qu'ils s'attachent à parler de scènes, si l'on peut dire, réelle. Elles sont simplement tournée à la fiction pour être plus agréable en tant que conte. Chacun pourra alors se reconnaître dans un conte. Il est donc facile pour les artistes, de s’attribuer la réalité d'un conte pour s'en servir comme outil de travail et d'introspection (le cas par exemple d'Alice Anderson, utilisant le conte de raiponse dans ses installations pour évoquer ses rapport difficile avec sa mère durant son enfance)
De plus, certains utilisent le conte pour exprimer leurs idées face à la société actuelle. Le conte peut donc aussi servir d'outil de contestation sociale.

     Par exemple Kiki Smith, une artiste féministe, s'insurge contre le discours moralisateur de ce genre littéraire et se penche sur le petit chaperon rouge. Elle imagine une réconciliation possible entre celui-ci et le loup. Comme si elle invoquait une réconciliation entre la femme et l'homme sur divers sujets plus ou moins tabous. Elle balaie leur relation basée sur la violence et le sexe, au profit d'un questionnement sur la différence et la discrimination. 
Elle peint des toiles ou la petite fille et le loup se promènent ensemble, complices. Dans sa peinture DAUGHTER, ils se muent même pour ne former qu'un, le petit chaperon arborant le visage du loup.

œuvre de kiki Smith, 

Daughter, la petite fille mêlée au loup.